Naufrage du Sokalique. L'Ocean Jasper à Brest.
Le cargo sous pavillon des iles Kiribati et géré par une société turque pourrait échappé aux poursuites !


Naufrage du Sokalique. L'Ocean Jasper à Brest

L'Océan Jasper, le cargo soupçonné d'avoir heurté le «Sokalique» au large de l'île d'Ouessant, coûtant la vie à l'un des marins a été inspecté aujourd'hui par les gendarmes, qui ont également entendu son commandant. Selon le procureur de la République de Morlaix, Laurent Fichot, ce bateau "portait des traces de peinture suspectes sur sa coque".

L'ouverture d'une information judiciaire était attendue dans le cadre de l'enquête confiée au parquet de Morlaix, ville portuaire où était immatriculé le Sokalique.

Le commandant azerbaïdjanais de l'Ocean Jasper a admis vendredi que son navire avait été "impliqué dans une collision", sans reconnaître explicitement que c'était avec le bateau de pêche français, selon M. Fichot.

Le vraquier inspecté en janvier 2007
Selon la base de données Equasis, l'Ocean Jasper, petit vraquier de 1.384 tonnes et 80 mètres de long construit en 1978 et battant pavillon des îles Kiribati, dans le Pacifique, a pour propriétaire officiel l'Ocean Jasper Shipping basé aux îles Marshall, également dans le Pacifique, et sa gestion est confiée à la société turque Onurhan Denizcilik Ltd basée à Istanbul.
Lors d'une inspection sur le port de Chalkis, en Grèce, en janvier 2007, les inspecteurs avaient relevé 18 déficiences nécessitant une immobilisation de deux jours, dont six portant sur des équipements de sécurité, et trois sur le système de radio. La dernière inspection en juillet en Belgique n'avait toutefois pas relevé de déficience, selon Equasis.

LE TELEGRAMME DE BREST



Naufrage du "Sokalique": des traces de peinture semblent accuser le cargo suspect
AP | 18.08.2007 | 20:50
Des traces de peinture suspectes ont été relevées par les gendarmes sur la coque du cargo soupçonné d'avoir heurté le "Sokalique" au large de l'île d'Ouessant, coûtant la vie à l'un des marins de ce chalutier breton, a confirmé samedi le procureur de la République de Morlaix, qui a cependant averti que la justice française pourrait se retrouver dessaisie des poursuites.

"Nous avons découvert à ce stade des investigations sur tout le côté tribord du caboteur des traces de peinture verte qui paraissent correspondre à la couleur de la coque du caseyeur qui a été coulé", a expliqué Laurent Fichot devant la presse.

La collision à l'origine du naufrage du "Sokalique" aurait en outre été consignée dans le journal de bord du cargo par un membre de l'équipage qui se trouvait sur la passerelle au moment du choc.

Si tout semble l'accuser, le commandant azerbaïdjanais de l'"Ocean Jasper" pourrait échapper à un procès pour homicide puisque cette décision appartient aux îles Kiribati, pavillon du navire. Les autorités françaises ont donc pris contact par voie diplomatique avec le petit Etat du Pacifique pour permettre un abandon des poursuites au profit de la justice française, a indiqué M. Fichot.

Arrivé dans la nuit à la base militaire de Brest (Finistère), le cargo a pu être inspecté dans la journée de samedi par les gendarmes, qui ont également entendu son commandant, selon la préfecture maritime de l'Atlantique.

"L"Ocean Jasper' est arrivé à Brest aux alentours de 3h30, à la suite d'un dialogue entre les autorités maritimes et judiciaires françaises avec l'armateur turc du navire", a expliqué à l'Associated Press le chargé de communication de la préfecture, Sylvain le Berre.

Le navire, un vraquier d'une trentaine d'années transportant de l'acier, venait de Saint-Pétersbourg (Russie) et se rendait à Istanbul (Turquie), a expliqué M. Le Berre.

Ce cargo de 90 mètres faisait partie des cinq navires repérés par le Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Corsen dans la zone du naufrage, au cours de la nuit de jeudi à vendredi, à une centaine de kilomètres au nord d'Ouessant.

A l'issue de démarches "qui ont pris du temps", le commandant de l'"Ocean Jasper", contacté par l'armateur alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales, "a accepté de venir à Brest et s'est montré très coopératif", a encore indiqué le porte-parole de la préfecture.

D'après lui, le navire a été pris en charge par deux bâtiments de la Marine et une vedette des douanes dès son entrée dans les eaux territoriales françaises. Une fois le cargo amarré au fond de la base militaire de Brest, des gendarmes sont montés à son bord.

Selon la préfecture maritime, le CROSS-Corsen avait été alerté à 3h30 vendredi après le déclenchement de la balise de détresse du chalutier, qui avait sept hommes d'équipage. A 4h25, l'un des bateaux de pêche déroutés sur la zone avait pu récupérer un radeau de survie avec à bord six marins "très choqués". Vers 6h, le corps du septième membre, le patron du "Sokalique", avait été retrouvé sans vie.

Dans un communiqué, le Premier ministre François Fillon s'était associé vendredi "à la douleur" de la famille et des proches du marin décédé, réclamant que "toute la lumière soit faite au plus vite sur les conditions et les circonstances de ce drame". AP